samedi 10 février 2007

La révolte des Riquier (1)


Le Vimeu Rouge : Le Château Riquier
Des Ouvriers-paysans devenus compagnons, tous fourmillent maintenant dans les fabriques du Vimeu. Durant la seconde moitié du 19ème siècle, l’industrie s’est structurée, dans les villages, les usines de serrureries, fonderies et robinetteries font travailler l’ensemble de la population. Le paternalisme règle la vie au travail et la vie économique locale est réglée autour de l’usine, les familles d’industrielles dont les patrons sont souvent les maires des villages règnent en maître. Suivant un extrait du Musée sociale de la bibliothèque d’Abbeville ont peu lire :
« Une des maisons les plus importantes du Vimeu est la maison Riquier, fondée par Mr Guerville père, à Fressenneville, au commencement du siècle dernier et fondée dans les conditions les plus modestes. Mr Guerville fils donna de l’extension à son industrie, Il y joignit d’ailleurs un commerce de denrées alimentaires, de provisions de ménage et d’habillement pour ses ouvriers. Deux frères, Messieurs Riquier vivaient alors à Abbeville et y tenaient un commerce de quincaillerie modeste, mais prospère. L ‘un des deux frères Mr Ernest Riquier, épousa Melle Guerville, qui était un beau parti. L ‘autre Mr Théophile, épousa une orpheline, nièce de Mr Guerville, élevée et dotée par lui. Vers 1870 les deux frères succédèrent à Mr Guerville. gendre de Mr Guerville étant alors le maître absolu de la Commune. Les deux frères Riquier avaient eu chacun un fils : Mr Julien et Mr Edouard Riquier. En 1890, ils cédèrent leur établissement industriel à ces deux cousins germains. Mr Julien Riquier était le maire du village, maire à vie toujours réélu sans concurrent. Ce qui a déterminé l’émeute sauvage du 3 avril 1906, c’est dit-on, le luxe affiché par les patrons, dans ce petit village où l’on voyait se dressant en face des pauvres maisonnettes des ouvriers, trois belles villas habitées par les deux cousins et par la mère de l’un d’eux. C’est l’emploi des automobiles, dit-on encore, et l’habitude des chasses en forêt, ce sont les toilettes des classes trop éclatantes dans ce petit village industriel, c’est la construction de maisons somptueuses remplaçant les modestes habitations des parents »
L’étalement des richesses accumulées par cette bourgeoisie locale, issue souvent du milieu Ouvriers-paysans est une provocation mal ressentie par la population besogneuse qui se trouve être soumise à ces décideurs locaux chez qui le destin a souri mieux qu’à d’autres. Le patronat local a d’ailleurs retenu les leçons du passé et n’étale plus son patrimoine personnel aux yeux de tous. Seuls vestiges des années pionnières de l’industrie du Vimeu restent les luxueuses villas et châteaux construites vers la fin des années 1800, demeures des familles : Bricard, Riquier, Decayeux, Riche, La perche et consoeurs qui forment le patrimoine immobilier du Vimeu. L’on découvre ces battisses au centre des villages de Fressenneville, Friville, Tully Béthencourt… témoins de l’ère prospère et de l’enrichissement de la bourgeoisie vimeusienne. Aujourd’hui il faut chercher sur la Côte d’azur en Savoie où au Touquet pour croiser les industriels du Vimeu en vacances dans leurs villas non moins somptueuses.
La vie rythmée autour des usines est dure, les ouvriers mal payés doivent en plus se servir de leur outillage, les limes, boeuf à polir sont la possession des ouvriers. La loi de 1884 légitimant les syndicats va favoriser l’organisation des salariés mais peu de trace dans l’histoire locale ne témoigne de la naissance du syndicalisme vimeusien avant la création en 1895 de la Confédération Général du Travail et du Syndicat du fer qui se forme à Escarbotin dans la clandestinité. Pas question d’afficher devant le patron son appartenance au syndicat la répression est telle que ceux connus comme propagandisme syndical sont exclus des usines et interdits de travail dans le Vimeu. Des grèves de dockers dans le port du Tréport en 1897 vont émanciper le mouvement syndical mais il restera très discret jusque l’arrivée du nouveau siècle, le Syndicat du Fer composé d’une quarantaine de membres connus est diabolisé, ses membres sont fichiers par la police et considérer terroristes. Les structures du Syndicat du Fer permettent dans un premier temps de comparer les salaires des ouvriers entre les fabriques la moyenne à cette époque d’une quinzaine est de 30 F, dans certaines usines dont Riquier à Fressenneville les salaires se situent autour de 20 F d’où il faut déduire un loyer de 2,50 F par semaine. Afin de situer l’état d’esprits du patronat local, l’interview des Riquier donné au Journal d’Amiens en Avril 1906 après l’affaire du château est édifiante :
Interview de Messieurs Riquier, Julien et Edouard.
Messieurs Riquier donnent quelques renseignements sur l’usine dont ils sont les propriétaires:
« L ‘usine de serrurerie de Fressenneville nous vient de nos parents, nous l’aimions comme on aime la maison paternelle et nous aimions nos ouvriers, dont les vieux nous ont connus tout enfants et dont nous tutoyons les plus jeunes : nous nous considérions parmi eux comme en famille; quatre générations de patrons et quatre générations d’ouvriers y ont participé à l’oeuvre commune et jamais il n’y avait été question de grève, de syndicat, de réclamation d’aucune sorte. Les salaires de nos ouvriers étaient les plus élevés de tout le Vimeu, c’était le tarif qu’on réclamait encore récemment dans une grève du voisinage. Nous avions la plus grande confiance dans tout notre personnel et nous pensions pouvoir compter sur la réciprocité de ces sentiments. Ce déchaînement inattendu de haine nous a touché, nous a bouleversé, nous a atteint beaucoup plus que la perte de nos propriétés.
- Des anarchistes connus étaient venus s’établir dans le pays. Le dimanche soir il y avait des parlottes, des réunions depuis trois mois surtout Trois ou quatre anarchistes colporteurs habitaient le village. C’était des gens connus de la police, ayant leurs dossiers au parquet d’Abbeville, poursuivis déjà et arrêtés plusieurs fois quand on redoutait un attentat, Des “compagnons” signalés comme très dangereux. Plusieurs étaient nés dans le pays. Ils catéchisaient un par un nos ouvriers dans les estaminets, s’adressant surtout aux jeunes gens de quinze à vingt cinq ans, leur démontrant qu7ls devaient se solidariser avec leurs camarades des autres usines, qu’ils pourraient ainsi profiter de bien des avantages. A voir ainsi de huit livres à quatorze sous au lieu de vingt deux, qu ‘en cas de grève on leur verserait 2 francs 50 par jour, tant que les patrons ne céderaient pas. On leur montait la tête, la “révolution sociale” approchait alors l’usine serait à eux. S’ils étaient tous unis, ils seraient bientôt les plus forts, etc.. etc....
Nous comptions sur le bon sens de nos ouvriers et nous ne nous étions pas émus de ces excitations”. Mais il arriva que Messieurs Riquier furent mécontents de l’un de leurs ouvriers. En même temps un autre employé élevé chez Messieurs Riquier et repris à son retour du régiment, au mois d’octobre dernier, fut averti par un contremaître que son travail ne correspondait pas au salaire qu’il touchait On lui offrit un autre travail qu’il aurait pu faire chez lui. Nous avons toujours été très bons avec nos ouvriers. Chaque fois qu’ils se sont trouvés dans l’ennui, nous sommes venus à leur secours et nous vivions dans une casi-familiarité avec eux, jusqu’au jour où une quarantaine d’anarchistes, connus du parquet et chez lesquels on a perquisitionné à plusieurs reprises, sont venus s’installer à Fressenneville. Le seul tort que nous avons eu ajouta Mr Julien Riquier est d’avoir voulu vivre parmi nos ouvriers, d’avoir fait construire des villas, très ordinaires, qu7ls appellent “Les Châteaux de nos patrons” et dont on s’est servi pour exciter leur jalousie. »
La reconnaissance syndicale est inadmissible pour les patrons du Vimeu, convaincus de leurs rôles de bien faiseurs pour les populations en leurs attribuant travail et logis. Les notables surveillent de près avec l’aide des pouvoirs publics de l’époque toutes les tentatives de regroupement syndical.
Chez Debaurain à Béthencourt les ouvriers syndiqués ont obtenu la gratuité de l’outillage et une augmentation de 1 franc de leur quinzaine, ce premier succès fut vite pris en exemple, restait a faire reconnaître qu’un salarié désigné par ses camarades puissent parler au nom de tous devant le patron tout puissant, toute tentative était réprimandée radicalement, le salarié et sa famille débauchés. L’histoire des grèves de Fressenneville, où l’événement principal fut l’incendie du château des Riquier le mardi 03 avril 1906 témoigne bien de l’exaspération des ouvriers à cette époque :



Le Progrès de la Somme : « Depuis la loi sur les syndicats promulguée en 1884, les ouvriers de la métallurgie de Fressenneville avaient essayé, en 1900, de se syndiquer et de se grouper au syndicat du Vimeu, dont le siège est à Friville. A cette époque, il existait dans cette commune environ 40 adhérents; dès que Messieurs Riquier en eurent connaissance; ils essayèrent d’enrayer le mouvement et une vingtaine d’ouvriers de ceux qui ne voulurent pas se soumettre furent obligés de chercher une place ailleurs. Aujourd’hui, les adhérents sont de plus en plus nombreux. Dans la crainte de briser leur situation, certains d’entre eux faisaient déjà partie du syndicat, mais discrètement Messieurs Riquier redoutaient les ouvriers syndiqués et à la première faute d’un de ceux-ci ou même de la suppression d’un emploi, on signifiait le congé, c’est précisément ce qui a occasionné ce coup de théâtre de mardi dernier. »
L’interview des Riquier donné au Journal d’Amiens en Avril 1906 après l’affaire du château :
« Deux salariés soupçonnés d’être syndiqué sont entendus par les patrons Riquier : « Le samedi 31 mars, nous leur faisions part de notre décision. Le premier s’incline et accepte le nouveau travail offert Le second au contraire, ne nous laisse pas achever notre proposition et au premier mot prend la porte en nous disant sèchement “merci ’. C’était l’occasion cherchée depuis deux mois.
Le dimanche se passe dans le calme le plus complet, le lundi nous apprenons que tous les ouvriers sont convoqués à une réunion qui doit avoir lieu le soir, dans un café pour protester contre le renvoi de l’ouvrier en question qui était “c’est alors seulement que nous l’avons appris” le collecteur pour notre usine du syndicat du Vimeu.
C’était une grève en perspective.
L ‘un de nous Edouard se rend à la sous préfecture d’Abbeville pour demander un service d’ordre. Le sous préfet était absent Son secrétaire répond que les ordres qu’il a reçus ne lui permettent de rien faire tant que la grève n’est pas commencée. Edouard s’adresse au parquet Le procureur de la république lui dit qu’il est fort ennuyé, mais que les gendarmes et les troupes sont retenus à Lens. Cependant il appelle le capitaine de gendarmerie et on décide que le lendemain mardi, les trois gendarmes de Valines, localité située à trois kilomètres de Fressenneville, ne feront pas leur tournée habituelle, mais se tiendront prêts à accourir au premier danger. Ils passeront même à Fressenneville comme en se promenant
Le lundi soir, la réunion a lieu. Le mardi à neuf heures du matin, Julien Riquier, maire de Fressenneville (qui, entre parenthèses, a toujours été élu le premier au conseil municipal par ses propres ouvriers) va renouveler officiellement, et comme maire, à la sous-préfecture, la demande faite la veille par son cousin. Mr le sous préfet d’Abbeville était encore absent Son secrétaire répète que tant qu’il n’y a pas de désordres, il ne peut rien faire.
Pendant ce temps, Edouard va à Fressenneville, il apprend que la réunion a été très violente, les ouvriers en sont revenus en chantant la “Carmagnole” sous les fenêtres des contremaîtres. Un délégué du syndicat doit venir à onze heures voir les patrons. »

Il paraît impensable pour Riquier qu’un délégué du syndicat en plus extérieur à l’entreprise puisse entrer dans la serrurerie, se serait reconnaître le droit syndical, considéré comme un délit.
Le mardi 03 avril 1096, l’usine est très calme poursuit le Journal d’Amiens : « Tout le monde est à son poste. On travaille comme à l’ordinaire. Edouard Riquier travaille dans son bureau. Tout à coup, un homme qu’il n’avait encore jamais vu se présente, sautant à bas d’une bicyclette:
- vous êtes bien Mr Edouard Riquier?
- Oui Monsieur
- /e suis le délégué du syndicat
• -je ne vous connais pas, Monsieur, et je ne veux pas vous connaître. L’inconnu, très poli, salue en disant:
- C’est très bien, Monsieur, je n’insiste pas, et il repart Tout le monde continuait à travailler dans le plus grand calme.
Au moment où les ouvriers sortaient pour aller déjeuner, Edouard Riquier va trouver l’ouvrier licencié dans son magasin et lui dit:
- Nous t’avons conservé dans l’usine jusqu’ici; mais en présence de ce qui se passe, il est préférable que tu t’en ailles tout de suite.
Voici ta quinzaine.
L ‘ouvrier qui jusqu’alors avait été très respectueux, prend une autre attitude et répond:
-je n’en veux pas de votre quinzaine je n’ai pas l’habitude de prendre l’argent que je n’ai pas gagné; mais soyez tranquille je le gagnerai !
Il s’en va tandis que l’usine se vide sans bruit
A la rentrée des ouvriers un petit mouvement se produit
Cent vingt à cent trente ouvriers se présentent ensemble, ayant l’ouvrier licencié à leur tête.
Edouard Riquier les rejoint dans la cour de l’usine et s’adressant à l’employé renvoyé lui dit:
- vous n’avez pas entendu que je vous ai donné l’ordre de sortir
- Des ordres! fait l’autre avec une arrogance qu’il ne dissimule plus, vous n’avez pas d’ordres à donner ici! Ce n’est pas à vous l’usine, c’est aux ouvriers ! il y a assez longtemps que c’est à vous !
Et il s’avance menaçant en ajoutant:
- Essayez donc un peu pour voir de me jeter dehors!
Son attitude était visiblement et volontairement provocatrice pour amener un acte de violence de la part du patron.
Alors Edouard Riquier gardant tout son sang froid, élève la voix et s’adresse aux ouvriers maintenant plus nombreux, massés dans la cour: -
- Mes amis, leur dit-il, voici une chose inouïe ! Il est impossible que vous soyez contre nous. On cherche à vous exciter, ne vous laissez pas faire. Et le patron de leur faire remarquer que leurs salaires ont augmenté depuis quinze ans, en même temps que leurs frais d’outillage ont diminué.
Nous avons, en effet, dépensé beaucoup d’argent pour perfectionner l’outillage, le polissage mécanique diminue et les frais et la peine des ouvriers.
- Que les jeunes gens demandent aux anciens, s’écrie Edouard, ce que leur coûtaient autrefois les limes, et s’ils n’avaient pas le samedi une fatigue physique beaucoup plus grande ! Aujourd’hui, il n’y a pas dans toute la région une usine qui paie plus cher le travail que la nôtre.
Qui d’entre-vous me démentira ?
Pendant près d’un quart d’heure, Edouard parle sur ce ton. Les ouvriers ne disent rien. Pas un murmure ne s’élève, pas une réclamation, pas une protestation. Tous rentrent dans leurs ateliers. Seul l’ouvrier licencié reste dans la cour. Quelques ouvriers sortent des ateliers, puis d’autres. Dans la rue, attend le groupe des anarchistes, étrangers à l’usine, qui voyant sortir les premiers ouvriers, se mettent à pousser des clameurs sauvages. Dans l’usine il reste à peine une centaine de travailleurs.
La colonne des grévistes est partie en chantant vers le village. Une demie heure plus tard, elle revient précédée d’un drapeau rouge que porte une fillette, à côté de laquelle marche l’ouvrier licencié. Un cafetier anarchiste fait le serre file et maintient tout le monde dans les rangs. La bande contourne l’usine et fait pleuvoir des pierres et des briques dans les vitres du bâtiment de la machine à vapeur, qui marche toujours. Edouard donne l’ordre qu’on arrête la machine. Les pierres cessent aussitôt de pleuvoir, Il fait sortir ceux des ouvriers restés dans l’atelier et ferme les portes de l’usine.
Julien Riquier téléphonait une première fois à la sous-préfecture d’Abbeville pour signaler que de graves désordres commençaient.
Le sous-préfet est toujours absent Le secrétaire répond avec placidité:
“C’est fort bien, envoyez moi une réquisition par télégramme officiel”. II ne pouvait, dit’il se contenter d’un avertissement par téléphone.
Il faut rédiger une dépêche officielle, y faire apposer le cachet de la mairie, la porter au bureau de poste.
Que de temps perdu !..
Julien va rédiger son télégramme et quand il revient dix minutes après dans le pavillon de concierge, il trouve les carreaux brisés etc..,Il retourne au téléphone pour aviser le secrétaire du sous-préfet que les évènements s’aggravent. Alors il obtient de la sous-préfecture cette réponse sereine:
- Ont-ils bien déclaré la grève f...
Les évènements se précipitent. Mr Julien monte en automobile et se rend à Abbeville pour réclamer du secours. Le secrétaire du sous-préfet répond avec placidité qu’il n’a pas de cavaliers disponibles. Il offre d’envoyer quelques soldats par le train de 7heures. Mr Riquier réplique qu’il en faut au moins 250. Messieurs Riquier ajoutent: Faut-il maintenant raconter ce qui s’est passé pendant notre absence et que des témoins en qui nous pouvons avoir confiance nous ont rapporté? C’est comme un cauchemar qui nous étreint douloureusement et nous fait horreur.
La bande avait pénétré dans la propriété de Julien, une simple maison de campagne qu’on appelle là-bas un château. Une vingtaine de grévistes seulement pénétrèrent dans la maison, dont-ils ont forcé les portes. Les autres restés dans la rue criaient:
- Non sortez, c’est assez ! C’est assez !
Trois pièces du rez de chaussée sont mises à sac. Le portrait du père de Julien est arraché de son cadre On lui plante un couteau dans la gorge. D’autres portraits sont lacérés.
Mais le malheur a voulu que les premiers arrivés pénétrèrent tout de suite dans la cave défoncer les tonneaux de cidre et de vin, passer à boire aux femmes et aux hommes. Ce fut l’affaire de quelques minutes.
La bande avinée court chez Edouard et alors, sous l’influence de la boisson, on saccage tout il y a des détails affreux : d’une fenêtre on avait montré les portraits de nos enfants, on leur avait crevé les yeux, puis coupé la tête aux applaudissements de la horde hurlante.
La plume de la presse bourgeoise relatant cette histoire sous forme du récit vécu par la victime elle-même paraît naturel car à cette époque pas question de contredire ce qui est considéré comme une vérité établie, Riquier est aussi le maire du village et sa notoriété ne peu être remise en cause. Les événements du château sont traités comme une émeute de la plus grande importance, ont parle d’acte terroriste et de soulèvement anarchiste presque de guerre civile. C’est une affaire criminelle !
Le Progrès de la Somme du 5 avril 1906 :
« Une grève de 270 ouvriers serruriers et fondeurs en cuivre à l’usine de Messieurs Julien et Edouard Riquier s’est déclarée mardi 3 avril à 2H et demi du soir.
Tout d’abord ce fut la maison de Monsieur Julien Riquier, située en face de l’usine qui subit les premiers dégâts. Les grévistes lancèrent des pierres de tous les côtés, se frayant un passage dans toutes les pièces du rez de chaussée. En un instant, tout fut saccagé avec un acharnement inouï: la presque totalité du mobilier fut sorti des appartements; quatre barriques de 228 litres de vin furent enfoncées.
Grâce cependant à l’énergie de la petite brigade de Valines, le premier étage fut préservé.
A leur sortie, les manifestants se ruèrent sur la maison du concierge et en un clin d’oeil toutes les vitres volèrent en éclats et la maison fut envahie.
De là, la bande alla attaquer la maison particulière de Mr Edouard Riquier, située sur la route de Feuquières et qui fut saccagée également en quelques instants.
Continuant leurs déprédations, les manifestants se ruèrent sur les maisons particulières des principaux employés de l’usine (directeurs et ouvriers non syndiqués).
Le calme se rétablit ensuite pendant une heure. Après s’être à nouveau rassemblés, les grévistes recommencèrent à manifester violemment, allant de l’habitation de Mr Julien Riquier à celle de Mr Edouard Riquier, chantant et criant
Pendant que la brigade de Valines et celle de Gamaches essayaient de refouler les manifestants qui recommençaient l’assaut de la maison de Mr Riquier Julien et celle du directeur, la bande de grévistes se replia vers la maison d’habitation de Mr Edouard Riquier.

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