samedi 27 janvier 2007

Naissance de la serrurerie.



Cette région atypique s’est façonnée elle-même, partant d’une volonté de rompre avec la dureté du monde paysan, les hommes du Vimeu animés par le besoin de ne pas subir la désertification rurale ont construit leur Pays passant de l’outil avec lequel ils sont devenus forgerons, serruriers ou fondeurs dans leurs boutiques à la machine-outil possédées par quelques patrons, le Vimeu est devenu premier fabricant de serrures, verrous et robinets et cela grâce au travail laborieux de ses femmes et de ses hommes.
Il est certain tout d’abord que l’introduction des fonderies au XIX ème siècle et la concentration industriel du XXème siècle ont stoppé les initiatives personnelles le travail des serruriers à domicile ne fait plus appel qu’a des exécutants et non plus à des concepteurs. Les boutiques se vident et disparaissent peu à peu, le travail de l’ouvrier serrurier consiste désormais à mettre en forme et à monter les pièces fondues dans les usines. Les fonderies implantées vers 1880 vont faire naître les robinetteries avec une main-d’œuvre peu exigeante et abondante Une nouvelle conception industrielle va s’organiser, se spécialiser par localité.
Ouvrier du Vimeu ?
Le discours sur le monde ouvrier est de plus en plus éclipsé au profit d’autres problématiques telle la modernisation, les rapports de marché, la bureautique etc.
Les ouvriers du Vimeu est un groupe dont on ne parle qu’épisodiquement lors de conflits, de grèves. Le qualificatif de « Vimeu Rouge » venu des événements du début du siècle dernier suite à la révolte des ouvriers de la serrurerie RIQUIER, qui le 3 avril 1906 ont incendié le château familial suite au refus du patron de reconnaître le regroupement en syndicat de ses ouvriers. Dernièrement l’attention des journalistes a été retenue par différents conflits pendant les événement sociaux de mai juin juillet 2003 et les mobilisations du printemps 2006 contre le CNE et CPE.
La question ouvrière reste une question d’actualité, et l’étude de cette population peut permettre de voir et de faire voir ce qui ce passe réellement â l’intérieur des usines, à l’heure de la modernisation et de l’informatisation de la production.
La déstructuration du groupe ouvrier passe par une crise du militantisme syndical et politique, mais également par le développement de l’individualiste.
Exemple avec le vote ouvrier en faveur du FN - ou peut-être du succès de C.P.N.T. (Chasse, Pêche, Nature et Traditions) et de son programme de « défense des traditions » dans la région du Vimeu et dans la Somme.
Le groupe ouvrier est traversé par une crise identitaire : son travail est dévalorisé, de plus en plus fatigant, il n’oppose plus la même résistance qu’auparavant, en corrélation avec la baisse du militantisme politique et syndical.
L’ouvrier doit affronter, à l’usine, ses supérieurs ou les «BIS », et à la maison ses enfants (qui dans certains cas peuvent être les mêmes personnes). On peut penser que, même en cas de forte reprise économique, le groupe ouvrier et la société ouvrière ne seront plus jamais identiques à ceux qu’a connu le Vimeu jadis : c’était l’image de l’ouvrier industriel, syndiqué et politisé, ce qui lui permettait de conserver une certaine estime de soi. Pour autant, les luttes de ces derniers mois et les élections qui ont suivies ont placés le vote à « gauche » et traditionnellement Communiste de nouveau au premier plan : Succès aux Elections partielles dans le Canton de Friville-Escarbotin, confirmés aux Elections Régionales et aux Cantonales de 2004.
Syndicalement, le résultat des élections prud’homales de décembre 2002 confirme la CGT au premier plan des organisations syndicales dans le Vimeu, majoritaire dans la Métallurgie avec 51% des suffrages.
Salaires les plus bas de France et Savoir faire ? :
Le Vimeu est vraiment atypique par bien des facettes. Une grande contradiction du « Vimeu Rouge » qui étonne bien des observateurs :
Comment le Vimeu à la main-d’œuvre si habile au XIX siècle est t’il devenu une terre d’ouvriers spécialisés mais sans grande qualification au XXI ème siècle et percevant de maigres salaires ?
Un horloger : Jacques Maquennehen
Paysans, vivant d’élevage et de la culture du lin, tisserands au service de quelques drapiers, l’histoire au XVIII siècle n’a guerre laissée de trace tout juste doit on penser que la province du Vimeu à cette époque vivait au rythme des conquistadores espagnoles, tirant de la terre tout juste de quoi se nourrir.
Paysans–ouvriers au début du XIX siècle marqué de l’aire napoléonienne, puis Ouvriers - paysans à l’abri dans sa « Boutique » le serrurier vimeusien gagne sa noblesse et acquiert sa dextérité dans les années 1800 et jusque 1850 où d’une micro industrie, le Vimeu va se façonner avec l’arrivée de des découvertes et technologies nouvelles. L’habileté, la créativité des femmes et des hommes du Vimeu enracinés à leur pays obligera les nouveaux investisseurs industriels à exploiter sur le territoire vimeusien cette valeur humaine. Pour deux raisons essentielles, que nous avons déjà exploré : L’Ouvrier-paysan ayant su se développer et travailler pour son propre compte développant ainsi une industrie locale atypique née de la main même de l’homme et jalousement gardé puis s’enrichissant très vite est devenu un patrimoine transmis aux générations qui subsiste encore aujourd’hui, les familles Décayeux, Riche ou Delabie en sont la démonstration. La seconde réside dans le fait que les investisseurs parisiens n’ont pas eu d’autre choix que d’exploiter la main d’œuvre formée aux métiers du Vimeu et ancrée au pays qui aidant dans les « Boutiques » sachant forger et couler le métal était disponible pour entrer dans les toutes nouvelles usines que développèrent les pionniers de l’industrie moderne avec l’unique stratégie du système capitaliste, l’implantation des usines Imbert, Bricard en sont l’illustrations.
Lors de cette mutation des gens du Vimeu, une infime partie gardera un statut d’autodidacte, et gagnera une certaine autonomie, elle représente les familles les plus aisées. La majeure partie des Ouvriers-paysans deviendra au fil de ces années des Ouvriers occupés uniquement au service des entrepreneurs industriels, mais gardant pour la plupart une activité rurale et paysanne afin de compléter leur maigre revenu et faire vivre leur famille. Chaque famille travaillant le fer garde son lopin de terre au cœur des bourgs du Vimeu pour y élever, poules, canards, lapins et cultiver le jardin potager, l’implantation de la sucrerie à Beauchamps vers les années 1830 utilise les gens, femmes enfants au binage des betteraves au printemps et à l’arrachage l’automne. Ces Ouvriers-paysans se répartissent en deux catégories : l’une qui, afin de préserver une certaine autonomie exercera son savoir faire à domicile, notamment quelques serrureries ou monteur de serrures et polisseurs, l’autre partie intégrera les usines.
Mais l’ensemble des Ouvriers est désormais dépendant du nouveau patronat local qui encouragera ce mode de vie, ce qui lui permettait de payer encore moins cette main d’œuvre appris à subvenir à ses besoins en vase clos, historiquement enracinée au pays. Le géographe picard Guy Baron décrit magnifiquement cette situation et l’évolution du Vimeu dans un livre « Le Vimeu : une étude de pays » paru en 1986 et tiré d’une thèse soutenue à l’Université de Picardie.
A l’origine, les cloisons sociales sont mal déterminées, l’ancien Paysans-ouvriers devenu patron, emploi sa famille, ses amis et sont pour la plupart sous l’emprise de la bourgeoisie, notables commerçants qui vendent serrures et cadenas principalement sur Paris et les grandes villes.
Cette région du Vimeu a été marquée très tôt par le mode de vie de ses habitants, développant leur activité au niveau familial et se serrant autour du foyer. Peut-être est-ce parce qu’ils avaient souffert beaucoup pendant la guerre de cent ans, au moment où, en 1340, tous leurs villages furent brûlés, il est raconté que les flammèches se voyaient à Abbeville. Les populations se sont retirées à Oisemont et s’avancèrent dans la plaine sous la conduite d’un Chevalier, le seigneur de « Boubers». Mais ce fut pour succomber sous le nombre. Sous la domination Anglaise, regroupées sur le plateau de ce qui est aujourd’hui le Vimeu, ces familles survivrent, en cultivant le lin pour les Abbayes et commencent a travailler le fer se spécialisant dans la serrurerie. Quoi qu’il en soit, la vie du Vimeu se confond vite avec un développement économique nettement spécialisé, fondé sur un artisanat très familial. En 1468, soit trois ans après que le Vimeu eut été cédé par Louis XI au comte de Charolais, il est noté qu’il fallait, poux être compagnon serrurier, justifier, après avoir prêté serment par devant « les mayeurs de bannières», d’un certificat de bonne vie et moeurs. On retrouve trace dans le registre des statuts des maréchaux ferrents d’Abbeville. Les dynasties familiales de serruriers feront souches au XVI ème siècle, un auteur, P. BRIEZ fixe à 1636 l’origine de la serrurerie dans le Vimeu, il la relie a l’arrivée d’un colporteur allemand qui proposait des articles d’horlogerie et qui se fixe à Escarbotin. Cet aventurier eu bien du mal à placer ses pendules là ou le temps s’égrainé d’un sablier, déjà l’ont pensait dans le Vimeu que le temps se mesurait aussi bien par les grains de sable que par des points sur un cadran. Notre horloger compris que les habitants de ce plateau n’étaient pas prêt pour la réforme et songea à partir ailleurs mais barré par le détroit vers l’Angleterre et concurrencé et mal venu en Ponthieu mis en quarantaine dit ont, il s’installe dans ses campements et décide de se fixer en Vimeu y fait construire une maison et s’établi confortablement.
Cet horloger allemand se nommait Jacques Maquennehen. «Ce peuple est positif, dit-il; l’horloge s’adresse au luxe et peut se suppléer; il n’en veut pas. La serrure, au contraire, couvre des intérêts précieux et va droit au coffre-fort: faisons la serrure...
«Quand on le vit prendre ainsi à coeur la sûreté des personnes et celle bien plus compromise des écus, toutes les antipathies tombèrent. On assiégea l’atelier du serrurier qui, ne pouvant suffire aux demandes de ses nombreux clients, forma des élèves. Les habitations se rapprochèrent, se serrèrent autour de la sienne. En quelques années, grâce au voisinage de la Normandie, la serrure devint populaire et alla s ‘asseoir indistinctement sur tous les seuils...»
Ce récit pittoresque a été publié par l’Abbevillois, en mars 1844. Un autre auteur, Gaston Vasseur, chercheur attentif, a relevé dans les registres de la catholicité des dates où figure à Friville-Escarbotin un acte de baptême où on lit: «le 27 de janvier an susdit (1601) a esté baptisée Jehanne Boutté, fille de Jehan Boutté serrurier et Claudine sa mère». Dans le livre rouge de la ville d’Eu, on trouve trace d’un Jehan Maquinnehen, à la date du 9 avril 1559. Le nom de Thomas Maquennehen apparaît à Fressenneville dans un acte officiel de 1572. Gaston Vasseur précise que Jacques Maquennehen vivait à Escarbotin en 1559.
Des serruriers exerçaient donc leur activité bien avant 1636. Toutefois, malgré l’erreur de Briez, le nom de Maquennehen doit être retenu. On le retrouve dans la région et l’on peu l’associer à la serrure du Vimeu. Sur le fronton de l’usine Bricard à Escarbotin, sous le clocheton, garder aujourd’hui comme monument historique et symbolique de la serrurerie dans le Vimeu le nom de Maquennehen est gravé.

dimanche 21 janvier 2007

Anti-libéraux ? Bové-Buffet




Après que Marie Georges Buffet ait pris à son compte le rassemblement anti-libéral issu du NON de gauche après le vote sur la Constitution Européenne. La secrétaire du Parti communiste n’est plus seule en liste, José Bové se voit aussi une légitimité à incarner ce courant d’idées que plus personne ne contrôle.

Historiquement et sur la base de ses statuts, le Parti Communiste, qui vient de réaffirmer tout au moins dans l’écrit son attachement au combat anticapitaliste dispose dans son programme de toutes les propositions pour rompre avec le système en place. L’union de toutes les sensibilités résolument à Gauche était séduisante mais devant l’échec du rassemblement de toutes ces tendances, le Parti Communiste n’avait pas d’autre choix que de présenter un candidat choisi sur la base du programme Communiste.
Alors pourquoi cette mascarade, ce semblant de rassemblement populaire qui ne ressemble à rien et qui n’est porteur de rien. Ce choix mène le Parti Communiste tout droit à l’échec, mois de 3 % dans les sondages que va encore diviser la probable candidature de José Bové.

Il est grand temps de reconstruire le Parti Communiste Français avec tout les militants sincères qui restent convaincus que le parti de Jaurès et de Marchais peut encore être utile à ceux qui souffrent du capitalisme, aux ouvriers sous payés à mois de 1000€ par mois, aux chômeurs exclus du monde du travail, aux familles dans la pauvreté qui n’ont plus confiance aux lendemains.
Des milliers de femmes et d’hommes expriment leur mécontentement, leur désarroi dans les luttes avec divers mouvements, associations ou syndicats mais ne se retrouvent dans aucun parti. Ce sont celles et ceux qui formaient le premier parti ouvrier de France il y a 20 ans et qui ne se retrouvent plus dans le Parti Communiste simplement parce ce que ce dernier à renier ce pourquoi il a été créé : Rompre avec l’exploitation de l’homme par l’homme au profit d’un plus petit nombre, répartir les richesses créées pour que chacun puisse vivre normalement et dignement.
Oui un choix révolutionnaire…

GH

samedi 20 janvier 2007

Un Pays industriel (Chapitre 2)



L’industrialisation du Vimeu
L’introduction de la fonte malléable en 1841 accélère le phénomène de dépendance par l’aval des serruriers du Vimeu. C’est le négociant parisien qui multiplie en Vimeu petites fonderies et manufactures afin de mieux contrôler encore la production. Le petit serrurier, pour assurer à la fois son approvisionnement en matières premières et l’écoulement de ses produits, doit donc s’attacher à une usine mère possédant un capital important.
Cette présence d’une main-d’œuvre paysanne travaillant le fer va aussi attirer quelques négociants parisiens ayant peu d’exigence.
En 1825 à Woincourt nous trouvons la maison Sterlin, négociant à Paris ayant acquis la « boutique » de Frédéric Rivery. Sterlin est un exemple de mainmise parisienne sur le « savoir-faire » du Vimeu.
Certains s’affranchissent progressivement de l’usine «donneuse d’ordres» et deviennent peu à peu autonomes dans leur fabrication.

Un petit patronat local émerge.
L’accroissement des productions accélère le processus de sous-traitance, mais aussi renforce le dégagement de capitaux locaux; certains artisans vimeusiens cherchent même, en sens inverse, non seulement à assurer leur autonomie technique et financière, mais encore à investir dans le négoce parisien, ainsi en 1846, Joseph DEPOILLY, ascendant direct du fondateur de l’entreprise de serrurerie LAPERCHE de Friville-Escarbotin, acquiert un magasin de vente, 40 rue Saint-Ferdinand, à Paris, alors que son père, Joseph Wandrille Depoilly confiait les verrous, charnières, gonds, espagnolettes et cadenas fabriqués dans sa forge, à des marchands parisiens .
En ce qui concerne la serrurerie PICARD ,nous avons a dans ce cas à une quincaillerie en gros de Paris qui a racheté un atelier serrurier Feuquiérois qu’elle va agrandir et développer en y adjoignant le capital d’une petite usine qu’elle possédait dans la région parisienne.
Deny-Fontaine-Picard est aujourd’hui une des grosses serrureries présente dans le Vimeu, spécialisée dans la serrure électronique, le groupe familiale Deny dont le siège est à Saint-Blimont est l’un des fleurons de la serrurerie moderne implanté sur des marchés d’Etat tels serrures de prisons, équipements EDF.
Le négoce parisien vient ainsi renforcer le potentiel industriel du Vimeu.
Des unités de production sont créées à partir du rachat par le négoce parisien de «boutiques» ou petits ateliers. De nouvelles techniques de fonte des métaux ferreux ou non ferreux qui se substituent peu à peu aux forges traditionnelles à domicile.
Ainsi va s’installer à Woincourt la fonderie de cuivre et de bronze de Monsieur Eugène BRICARD.
Le début d’une grande saga va commencer, La Famille Bricard possède une quincaillerie en gros à Paris, dont le catalogue sert de référence aux architectes, elle pratique une politique de concentration horizontale, regroupant indifféremment fonderies, serrureries et robinetteries Le groupe BRICARD est une belle illustration de ce phénomène multiplicateur qui s’appuie sur la division du travail et l’exploitation intense du travail de l’homme.
Ces entreprises au capital technique considérable pour la région permettent aux artisans de devenir sous-traitants de ces grosses unités, voire même certains simples Ouvriers-paysans se mettront à leur compte.
Cet élargissement du marché de la sous-traitance permet à une multitude d’Artisants-paysans de trouver des débouchés pour leur propre production et des sources d’approvisionne
La division du travail propre au caractère technique de la serrure va concentrer la production dans de nouvelles usines remplaçant peu à peu les « boutiques » et développer la sous-traitance avec bon nombre d’artisans devenus petits industriels qui a côté des donneurs d’ordres, que sont devenus ces usiniers parisiens, vont approvisionner les centres de productions de la serrurerie industriels puis la robinetterie.
Les familles Riche et Décayeux sont des sous- traitants capables de s’adapter à de multiples marchés avec une grande diversification de leurs productions.
Les petites fonderies d’alliages non ferreux pour la robinetterie mais surtout les activités de décolletages vont se multiplier ainsi que le traitement des métaux.
La fonderie Ternois à Embreville spécialisée dans les alliages légers est l’illustration de ce développement spécifique.
D’autres métiers continueront de s’exercer hors des usines dans les ateliers et « boutiques » notamment le polissage, ce métier jalousement gardé, appris sur le tas et transmis de père en fils n’intégrera pas l’usine mais restera l’affaire de spécialistes qui à domicile, alimenteront les usiniers.
L’achat de machines plus sophistiquées grâce à la plus-value obtenue de cette première étape d’industrialisation permettra a certains artisans de devenir patrons sans subir la domination des capitaux parisiens.
Les familles Tirard et Haudiquer est l’illustration de cet Eldorado, fabricant de cadenas et verrous THG est la vitrine d’un patron du Vimeu qui a imposé un monopole de production peu concurrencée.
Autre exemple, celui de la famille Decayeux devenu premier fabricant de boîtes aux lettres avec une domination du marché pratiquement unique.
Aujourd’hui se superposent donc dans le tissu industrie! du Vimeu deux catégories d’entreprises issues du milieu :
Les petites et moyennes sociétés, ayant souvent le statut de SARL sont issues de capitaux locaux et se partage la sous-traitance.
Par contre, les serrureries sont des sociétés à gros capitaux internationaux.
Sur la douzaine de serrureries recensées, trois seulement sont des sociétés à capitaux locaux.
En revanche, les robinetteries sont plus généralement issues de capitaux locaux, l’investissement dans une unité de production de robinets est généralement plus modeste que pour la serrurerie dont le capital technique est très sophistiqué en fonction de la multiplicité des types de productions.
Dans cette catégorie se rangent la plupart des entreprises de fonderies et décolletages.
Pour exemple, la Société de robinetterie GUARESKI, il s’agit d’une SA qui se situe su 12e rang des robinetteries des trois départements picards. Les 80 salariés produisent de la robinetterie classique et des produits assez sophistiqués tels des groupes de sécurité pour chauffe-eau électrique, des réducteurs de pressions et des régulateurs thermostatiques.
Cette entreprise en pointe dans son domaine est l’exemple du patron qui sort de la ruche industrielle du Vimeu du siècle dernier, ayant débuté comme apprenti puis ouvrier robinetier, c’est en 1933 qu’il fonde avec peu de capitaux et une bonne volonté une entreprise artisanale à Woincourt. En 1938, il installe ses ateliers à Friville-Escarbotin où son entreprise devient S.A.R.L. en 1968. Elargissant ses activités et faisant appel à de nouveaux capitaux, cette SARL devient: Société Anonyme en 1973.
Ce type de société n’est pas une exception dans le Vimeu, notamment dans le domaine de la robinetterie (GUARESKI – GRANDSIRE) Etablissements BOUTTE pour la fonderie.
En revanche, le traitement de surface et le décolletage demeurent l’apanage des SARL, qui pour la plupart, ont des origines plus modeste et locale.
Les entreprises «étrangères» greffées au Vimeu
Les grosses Sociétés étrangères à la Picardie venues s’installer dans le Vimeu sont d’abord des îlots financiers avec des liens de sous-traitance les liant avec l’industrie du Vimeu.
Leurs implantations s’expliquent tout d’abord par l’attrait d’une main d’œuvre expérimentée et peu chère, puis par des délocalisations suite aux mesures interdisant la création de nouvelles industries en zone urbaine et notamment sur Paris.
La venue d’industries nouvelles est pourtant limitée, Auer, est attiré par la dextérité des fondeurs et s’installe à Feuquières au cœur du Vimeu, Vachette et Fichet sont attirés par la main d’œuvre réputé et spécialisé du Vimeu, ils s’installent aux extrémités du Vimeu, nouveaux concurrents qui s’accaparent les emplois de serruriers qualifiés, Vachette à Flixecourt recrute dans le Vimeu et PonthiePorcher à Woincourt est un ensemblier en matière d’équipement sanitaire qui profitera du savoir faire et de la sous-traitance en robinetterie, l’entreprise fermera fin des années 1990.
Autre exemple du robinetier Rousseau à Woincourt, structure familiale parisienne, Rousseau produira ses robinets en s’appuyant sur le label qualité du Vimeu puis s’orientera vers le négoce, il deviendra vendeur du robinets « Rousseau » et fermera son usine en 1990.
La mécanique légère pour Cycle autre activité auxiliaire du Vimeu avec Huret, à Chepy et l’entreprise familiale Maillard installée dans la vallée de la Bresle, feront travailler plus de 2000 salariés jusque les années 90 pour disparaître complètement dissous par les groupes industriels monopolisant l’industrie du Cycle.
Seule implantation nouvelle non liée au tissu industriel, bien que relevant des accessoires du bâtiment est la venue d’une entreprise Danoise du Groupe Vélux, VKR France, 200 salariés, installée sur la Zone Industrielle de Feuquières depuis les années 70.
L’usine de Joints de caoutchoucs située à Gamaches a connu un développement important depuis son entrée dans le groupe Hunchinton filiale de Total avec 300 salariés les Caoutchoucs Modernes sont un apport pour l’emploi dans le Vimeu.
L’activité industrielle annexe du Vimeu est la Verrerie, son développement dans la Vallée de la Bresle rayonne sur la rive normande de la Bresle Saint Gobin Desjonquières bien qu’employant 1800 salariés n’est pas intégré au « Pays du Vimeu » les racines historiques de la verrerie en Vallée de Bresle ne peuvent pas s’assimiler a celle du Vimeu mais de plus en plus avec l’effet de proximité les vies économiques de ces deux pôles industriels ne peuvent pas s’ignorer.
L’activité agricole et son usine de transformation de betteraves à Beauchamps rythmeront les saisons de fabrication du sucre, la Sucrerie de Beauchamps qui pendant un siècle et demi emploiera l’hiver jusque 300 salariés disparaîtra avec le siècle.

Cette approche du Vimeu industriel montre avec quelle originalité fourmille une multitude de petites et moyennes entreprises issues du milieu local. Si le cadre rural peut paraître au premier abord très original, la spécificité est la présence d’un tissu industriel vivant, en constante évolution, les liens de sous-traitance des entreprises s’épaulant par leurs activités fait du Vimeu une région industrielle à part entière.

samedi 13 janvier 2007

L'Ouvrier-Paysan (suite)



Ouvriers-Paysans du Vimeu

Après la ruine de l’industrie textile suite aux guerres de religion, apparaît dans le Vimeu, sous l’influence des Espagnols le premier serrurier escarbotinois en 1602, le travail du fer dans le Vimeu prend donc naissance avec la serrurerie et remonte à un passé lointain. L’origine de la serrurerie dans le Vimeu est très controversée, la coutume veut qu’en 1636, un Allemand du nom de Jacques Maquennehen, horloger de son état est le premier a faire fabriquer la serrure à Escarbotin, la manufacture Maquennehen-Imbert construite au centre ville deviendra Bricard au XIV siècle, avec les familles Riquier et Deny les premières concentrations industrielles naîtront sous forme d’usines car depuis l’origine, les serrureries du Vimeu sont des artisans besognant dans l’îlot familiale, vivant de la terre et du fer.
Les archives montrent qu’il y avait déjà un Maquennehen en Vimeu dès 1572, dès cette époque, de nombreux registres paroissiaux font états de plusieurs noms de maîtres serruriers dont Bouté en 1601 à Friville, Grandsire en 1669 à Chepy , Bailleul en 1689 à Franleu.
Cette main-d’œuvre paysanne habile travaillant dans la serrure tous en cultivant la terre vie autour de Friville et progressivement cette activité va s’étendre avec plus d’ampleur, se diversifiant dans plusieurs activités de petite métallurgie, peu à peu ces ouvriers-paysants vont transformer les métaux, les premières fonderies de métal léger vont naître et cette main-d’œuvre appropriée va se développer.
Cette présence de savoir faire autodidacte va attirer quelques négociants parisiens appréciant l’habileté et le peu d’exigence de ces paysans- ouvriers qui vivaient pratiquement en autoconsommation.
La matière première du Vimeu est donc la main habile de son paysan devenue experte en serrurerie.
Ne faut-il pas au XVllle siècle au moins cinq ans d’apprentissage pour être capable de fabriquer un cadenas ?
C’est donc cette habileté que les négociants parisiens vont s’accaparer. Ceux-ci avec charrettes et chevaux assurent la vente des produits des Ouvriers-Paysans du Vimeu sur un marché du second oeuvre du bâtiment en plein développement. C’est le négoce parisien qui peu à peu pousse le Vimeu à se spécialiser.
La Bresle joue un rôle géographique essentiel, son orientation vers le Sud-est, rapprochant la capitale de ce pays occidental de la Picardie
Ainsi, à la veille de la Révolution en 1783, une partie des échanges avec Paris se fait par l’intermédiaire du carrosse de la ville d’Eu.

Un, vérificateur en serrurerie, écrit en 1783 « Les serruriers du Vimeu ne savent point faire grâce à personne car tous les quinze jours, à réception de leurs ouvrages, à peine a-t-on le temps de faire leurs comptes, de leur écrire des lettres pour de nouvelles commandes ou sujétions, ou des explications sur différents défauts à corriger à leurs ouvrages qu’i il faut songer à porter l’argent à Monsieur Joly, Directeur du carrosse de la Ville d’Eu, lequel est chargé de leur faire la distribution chez eux la semaine suivante».
Aucun Seigneur de la terre.
Depuis le Moyen-âge, le Vimeu a toujours été en marge de grands propriétaires fonciers et aucun Seigneur ne s’y est taillé une enclave. L’aristocratie n’existe qu’a petite échelle comme en témoigne les superficies modestes des propriétés. Pour exemple, le Seigneur de Belloy possédait environ une soixantaine d’hectares à la veille de la révolution, la seigneurie de Feuquières n’était guère plus vaste. La plus vaste est éloignée du Vimeu profond est celle de Rambures. Plusieurs Abbayes contrôlaient les terres du Vimeu, celle de Saint-Riquier possédait Feuquières et cultivait le lin en y exploitant quelques tisserands, Friville dépendait de celle de Sery et l’abbaye du Lieu-Dieu contrôlait la vallée de la Bresle. Après la Révolution la bourgeoisie abbevilloise n’a guère investi dans le Vimeu se contentant de prendre quelques terres en vallée de Somme et dans le Vimeu vert
La présence de l’aristocratie implantée en la Ville d’Eu, notamment avec la présence royale de Louis-Philippe au XVIII siècle n’a pas eu une incidence majeure sur la domination du Vimeu, il semble même que la bourgeoisie présente en Vallée de Bresle a profité de l’essor artisanal et spécifique du Vimeu pour a moindre coût construire et équiper la cité royale, le Château d’Eu possède des cuisines et le chauffage équipées au gaz, ce qui est unique pour l’époque. Des fonderies de métaux non ferreux sont construites à EU et se spécialisent dans la robinetterie, Banines, familles Margot et Baron.
Ces observations montrent à quel point le pays du Vimeu a pu garder une certaine autonomie, n’étant sous la coupe d’aucun grand seigneur de la terre. C’est ainsi que s’est mise en place une véritable démocratie terrienne fonctionnant en vase clos avec le privilège de l’indépendance, mais la contrainte de la petitesse.
Sur sa petite propriété, le paysan du Vimeu s’est lancé dans l’artisanat, la Culture et la mentalité vimeusienne est imprégnée de cet état d’esprit d’indépendance matérielle, indépendance d’esprit, attachement à la terre et volonté de s’en sortir par un labeur acharné.

Bonnot écrivait en 1783 :
« Le paysan du Vimeu, à la fois serrurier et agriculteur, travaillant chez lui avec les membres de sa famille et quelques compagnons. Il fournissait ses clients plutôt pour son compte que par l’intermédiaire d’un gros patron et il délaissait son étau pour surveiller sa basse-cour ou ensemencer ses champs»
Cette mentalité particulière, fera pendant très longtemps apparaître le Vimeu comme une région à part en Picardie. Cet attachement connu au travail individuel sans contrainte, et à une terre morcelée à l’infini permettant à tous les descendants d’une même famille de travailler chez soi, dans sa propre «boutique»
Ce constat a conduit l’Ouvrier-paysan du Vimeu à une mentalité individualiste voire anarchiste.
L’absence d’esprit communautaire marque le paysage «urbain » et rural du Vimeu. Juxtaposition des maisons, anciennes fermes devenue «boutiques», anciennes boutiques devenues maison d’habitation, aucun souci de la vie collective avec, quand on le peut, empiètement de la maison sur le trottoir qui s’efface alors, droits de passage compliqués, voire impraticable, gain des vergers, jardins et labours sur les chemins .
Les petites propriétés individuelles se sont multipliées autour de Friville , Escarbotin, Belloy , Feuquières et Fressenneville témoins aujourd’hui encore de la forte densité de villages et hameaux qui forment le Vimeu.
Le Vimeu a-t-il hérité dans sa Culture des conditions de sa naissance ?
Jusqu’au début du siècle dernier avant que le patronat vimeusien ne se structure, la vie en Vimeu était rythmée autour de ce mode de production où aucune hiérarchie des pouvoirs n’était véritablement établie.
Dans une publication « Hachette » de 1880, Bibliothèque des Ecoles et des Familles une Boutique du Vimeu nous est décrite :
« Le bruit strident du marteau et le grincement des limes nous dirigent et nous arrivons devant un atelier de serruriers (boutiques). Inutile d’entrée car tout se vit de dehors. Une ouverture qui tient toute la largeur de la maison et qui n’a de vitres que pendant l’hiver, nous laisse juger de cet intérieur. Le long établi court derrière la fenêtre : trois hommes et deux jeunes femmes sont installés devant les étaux et manient avec courage la lime et le marteau. C’est le père, les deux fils et leurs femmes. Chacun d’eux est chargé d’un travail spécial. Toutes les pièces qui constituent la serrure sont étalées sur l’établi : elles sont prises successivement, limées, rivées, ajustées ».
En 1776, il existe 46 ateliers de serruriers à Feuquières, un rapport au Conseil d’arrondissement de 1867 fixe le nombre d’employé en serrurerie à 3230.
Le développement des besoins commerciaux de la serrure et les mutations agricoles vont au XVIII siècle conduire le Paysan ouvrier du Vimeu à devenir Ouvrier-paysan travaillant en famille et parfois à se faire aider par quelques compagnons venus essentiellement de l’artisanat textile dominant encore le Vimeu vert .
Autre exemple marquant l’identité de l’Ouvrier-paysan du Vimeu, la moindre tension sur les prix agricoles provoque chez eux misère et difficulté. Ainsi, suivant un témoignage recueilli en 1910 à Feuquières, une légère augmentation du prix du lait a déclanché une grève du lait, les usiniers refusant d’acheter ce produit de première nécessité. Des manifestations éclatent contre les agriculteurs et la cavalerie est envoyée.
L’élargissement du tissu industriel et le développement économique lié à l’industrialisation créés au XIX siècle des problèmes dans l’artisanat du Vimeu, tant le corporaliser et l’individualiste sont ancrés dans les mentalités des patrons usiniers.
L’exemple de la création en 1888 d’une école pratique d’industrie à Escarbotin puis sa disparition en 1895 est significative. Dans un rapport au Sous-préfet d’Abbeville parlant des difficultés de recrutement dans cette école ont peu lire :
« Si cette école, malgré les grands services qu’elle pourrait rendre è la région industrielle du Vimeu végète et ne compte qu’un nombre d’élèves insuffisant, qui tend même chaque année à diminuer, la responsabilité de cet état de choses ne saurait être imputé au Directeur mais aux préventions qui règnent dans le pays contre l’Ecole et à l’hostilité de la majorité des industriels du Vimeu qui craignent de voit former dans cet établissement des ouvriers et des contremaîtres qui pourraient leur créer plus tard des concurrences en se mettant à leur compte. »
C’est d’ailleurs ce qu’affirmait publiquement, dans le journal royaliste I’.Abbevillois» du 4 octobre 1888,
Ouverture de l’école de serrurerie :
« Cette école professionnelle. a été accueillie avec une certaine froideur par la plupart des industriels du Vimeu... qui voient, non sans raison, dans cette école une pépinière qui ne servira qu’à initier aux secrets de leur fabrication des artisans, lesquels front porter ailleurs la spécialité qui fait aujourd’hui la vitalité de notre pays serrurier».


Ce sont les petits manufacturiers qui fabriquent encore dans des cadres sensiblement traditionnels mais qui ont tendance à ne plus assurer l’apprentissage de leurs ouvriers, qui oeuvrent contre l’école de serrurerie dans la crainte de voir se multiplier les concurrents.
A travers cet exemple, nous percevons la crainte d’une déstabilisation du système de production artisanale de la part des petits producteurs devant faire face à la concentration industrielle provoquée par le développement des techniques de fonderie et d’une production de masse.
Malgré ce processus qui s’amorce, les inventions techniques ingénieuses se multiplient en Vimeu et se traduisent par l’établissement de nombreux brevets comme celui de Fournier, serrurier à Dargnies en 1855.
L’artisan du Vimeu profite de ses contacts épisodiques ou réguliers avec les donneurs d’ordre, quincaillier parisien, pour s’ingénier à trouver des solutions techniques pour la conception des objets qu’il fabrique.
L’indépendance d’esprit et le génie inventif du compagnon, de l’ouvrier ou de l’agent de maîtrise le conduit à découvrir des méthodes de fabrication ou des serrures nouvelles qui lui permettent de tenter l’aventure de mise à son compte. Il lui arrive alors de concurrencer son ancien patron.
Ce processus reste limité car l’arrivée de plusieurs industriels pour s’accaparer le savoir-faire du Vimeu va fondamentalement modifier les rapports de production allant jusque faire pratiquement disparaître l’artisanat où plus exactement le concept de l’Ouvrier-paysan, seul quelques boutiques resteront jusque le milieu des années 1970 avec l’existence de polisseurs et d’ouvriers à domicile.

dimanche 7 janvier 2007

L'Ouvrier-Paysan

Le Vimeu. : Un Pays
Le Vimeu est un territoire ouvrier au sein de la Picardie, première région ouvrière de France. Le Vimeu se situe dans la partie sud-ouest du département de la Somme, son territoire est délimité par la Somme au nord et par la Bresle au sud. Il couvre une superficie de 680 km2, est composé de six cantons, regroupant 96 communes pour une population totale de 62 000 habitants. Le Vimeu comprend trois types d’espaces différents. Le littoral, tout d’abord, est constitué par la façade maritime, de Mers-les-Bains à Cayeux sur Mer, et par le sud jusque la baie de Somme, avec Saint-Valéry-sur-Somme. Cette zone vit essentiellement du tourisme. Ensuite le Vimeu vert se situe à l’est du territoire, Après Feuquières jusque l’Amiénois, l’activité principale est consacrée à l’agriculture, blés, betteraves et l’élevage de bovins. La troisième zone correspond au Vimeu industriel, il regroupe un ensemble de petits bourgs contigus, autour du point central qu’est Friville-Escarbotin (7 000 habitants). La zone d’emploi du Vimeu industriel comprend environ 15.000 salariés dont 10 000 métallurgistes. Les cantons de Friville-Escarbotin et Ault, sont le cœur du Vimeu industriel, celui de Gamaches marque la limite avec la Bresle, Moyenneville et Oisemont, celles avec le Vimeu Vert et Saint Valéry sur Somme avec le littoral.
Retour historique et racines :
Le Vimeu est une authentique région industrielle, situé dans un environnement que rien ne prédisposait à un tel dynamisme économique lié à sa personnalité culturelle de tradition sociale, rurale et ouvrière qui font du Vimeu, un Pays.
Situé entre la Somme et la Bresle, aux confins de la Picardie et de la Normandie bordé par deux fleuves aux allures de rivières, entre Le Tréport et Saint Valéry sur Somme, regardant la mer, le Vimeu présente le charme discret de la campagne.
Ainsi est souligné le caractère exceptionnel de cette région industrielle où l’usine s’estompe dans l’écrin de verdure, où l’exploitation agricole côtoie la serrurerie au sein de villages où dans les rues se mêlent maisons ouvrières de briques, granges en torchis et jardins ou prés avec des petites fermes et des usines qui se mélangent.
Première région serrurière de France, spécialisée également dans les autres branches de l’industrie du second oeuvre du bâtiment, le Vimeu offre ni la lourde infrastructure des régions industrielles du Nord – Pas de Calais, ni les longues coulées d’usines des vallées ardennaises ou savoyardes, ni les dynamiques zones industrielles des villes. Dans le Vimeu, l’usine se fait discrète, intégrée au sein même des bourgs elle semble être née et avoir grandi avec le village.
Ces quelques observations font penser que cette région industrielle est originale et peut-être unique en France.
A quels critères de localisation répond donc ce morceau de l’ancien Ponthieu médiéval inscrit dans un carré d’environ trente kilomètres de côté (voir carte n° I).
La matière première y est pratiquement absente, malgré le bois de la Forêt d’EU qui explique la présence des verreries de la Bresle, les minuscules affluents de ce fleuve côtier n’ont jamais pu offrir une puissance hydraulique
Nous nous trouvons à une soixantaine de kilomètres à l’Ouest d’Amiens, entre deux vallées peu navigables quoique larges, et sans ouverture maritime notable, malgré la présence proche mais modeste du Tréport, à l’embouchure de la Bresle, et de Saint Valery, port sans vocation commerciale dans l’estuaire de la Somme (voir carte n° I).
Le Vimeu apparaît donc davantage comme un «Ouest lointain » de la Picardie, une région à l’écart des grands noeuds routiers comme Amiens, des grands noeuds ferroviaires comme Tergnier ou des grands carrefours fluviaux, comme la basse vallée de l’Oise.
Le Vimeu a-t-il pu alors profiter de la présence d’une grande cité, centre d’impulsion et de capitaux, comme le Vivarais ou le Jura méridional par exemple, tous deux vivifiés par le rayonnement lyonnais ou genevois? Abbeville ne dépasse guère 27 000 habitants et son rayonnement paraît limité. Certes au XVII siècle, cette ville fit travailler les paysans à quelques lieues à la ronde et notamment ceux du Vimeu et ce, grâce au drapier Van- Robais dont l’installation avait été favorisée par Colbert ; mais n’était-ce pas là un phénomène banal pour l’activité textile de l’époque pré- industrielle.
Amiens a elle fait travailler le velours aux cultivateurs des environs, jusqu’à l’aube du XX siècle La ville utilisait alors les forces vives des campagnes picardes en utilisant le relais de petites villes. Le travail du textile trouve ses limites dans la vallée de la Nièvre.
La Ville d’EU, riche en histoire et Domaine Royale de Louis Philippe connue avec la construction de son château au 17 et 18ème siècle un effet de mode où rayonna la Bourgeoisie Française, l’industrie naissante du Vimeu a sûrement profité de cette opportunité qui a donné de l’élan à son économie.
Mais en général, l’absence de critères classiques de localisation paraît donc faire du Vimeu une région industrielle tout à fait spécifique.
A équidistance de la Basse Seine et du Nord - Pas-de-Calais, le Vimeu est donc un îlot ouvrier et usinier au coeur d’une région verte dit Vimeu vert, tout proche (voir carte n° I), Ponthieu, Haute-Normandie et Amiénois plus lointains. Toutefois, le Vimeu apparaît aussi comme le mailIon d’une longue chaîne de régions industrielles et métallurgiques s’étalant de la Belgique et des Ardennes aux marges normano-armoricaines, en passant par la Picardie orientale et occidentale. ll semble alors le fragment relique d’une zone plus vaste où fourmillait sous l’Ancien Régime une métallurgie artisanale répondant aux besoins d’une Europe du Nord-Ouest densément peuplée.


Au XVllle siècle, le Vimeu est en effet un des secteurs dynamiques de la France et déjà un foyer de savoir-faire contribuant à l’enrichissement de cette province industrielle de Picardie Si l’histoire nous éclaire sur la situation de cette région métallurgique, il n’en demeure pas moins étonnant de voir se prolonger à notre époque cette activité ancienne au sein de bourgs de petite dimension, alors que la Picardie a perdu depuis le début du XXe siècle de nombreuses activités artisanales en milieu rural.
Comment a donc pu se faire le passage d’une économie diluant ses agents de production à l’extérieur des villes, selon un mode propre à la période préindustrielle dans le domaine de la métallurgie, à une économie concentrée, sans que le Vimeu en voie ses activités s’altérer?
A lui seul, le Vimeu occidental fait en effet vivre presque autant de salariés de la métallurgie qu’Amiens. Nous devons donc nous interroger sur la nature de ses entreprises qu’aucun facteur de localisation moderne (matières premières, transports, rayonnement urbain) ne semble expliquer.
Par son tissu industriel et un savoir-faire ancien.
Le Vimeu parait un «pays» à l’échelle humaine, c’est-à-dire un compartiment de l’espace où les hommes vivent en solidarité d’économie et de comportement. Vivant essentiellement de la métallurgie légère de la serrurerie à la quincaillerie, de la robinetterie à la fonderie, le Vimeu, par son ancrage dans l’artisanat paysan de ‘Ancien Régime paraît avoir un visage humain et moral particulier.
Longtemps appelé par les Picards, le «Vimeu rouge», ce Pays industriel, aboutissement d’une évolution de plusieurs siècles est toujours une réalité économique et sociale qui ne se dilue pas aujourd’hui encore dans une région plus vaste.
La présence de quelques sièges sociaux d’entreprises Vimeusiennes pourrait suggérer que le Vimeu est le rameau lointain d’un bassin industriel parisien ?
Une petite région à vocation industrielle ancienne, sans grande cité peu donc subsister dans une Europe occidentale urbanisée à l’ombre des grands flux de circulation, de capitaux, de marchandises et de personnes ?
La réponse à toutes ces questions ne peut se faire que par une analyse précise de son tissu industriel, de la dynamique des entreprises et des composantes sociales de ce morceau de l’espace picard.
Le devenir du Vimeu ne peut être dissocié des capacités de résistance à la crise des petites et moyennes entreprises de main-d’oeuvre travaillant dans la métallurgie du second oeuvre du bâtiment.
L’ancrage de ces unités de production et de cette industrie dans un très ancien passé ayant forgé un milieu social original est un atout majeur pour le maintien et le développement du Vimeu, «pays» portant une longue histoire artisane et industrielle face à l’avenir.
A condition, que le savoir faire des femmes et des hommes qui peuplent ce pays ne disparaisse pas avec l’appétit des Maîtres d’oeuvres tentés par le profit et qui importent de plus en plus de produits fabriqués à moindre coûts à l’étranger puis les incorporent aux serrures, robinets, quincailleries au dépend de la qualité qui jusque aujourd’hui a permis au Vimeu de vendre son Label et de passer les crises.

5% pour être ministre !

Le Parti Communiste n'aura pas de candidat aux prochaines élections
présidentielles.
Marie Georges Buffet, après avoir noyauté les Collectifs anti
libéraux s'est faite proclamée candidate par les « seules »
communistes.

De quelle stratégie doit ont en conclure ? :

Véritablement comme le PC sait le faire, les Collectifs étaient
majoritairement peuplés de militants Communistes. Les alliances
Bovés, Autin… formaient dans ce cas un simulacre de rassemblement
(leurs silences après le passage en force de Buffet en dit long) …
ainsi la position du pari se comprend ?

Ou :

Le PC a décidé de ne pas présenter une Candidature de peur de
totaliser moins de 5% et se sert en alibi des Collectifs Anti-
libéraux pour exister dans la campagne électorale préservant ainsi
une opportunité de s'allier avec les Socialistes afin de s'assurer
une place dans un éventuel gouvernement.

Dans ce cas, l' « existence du PC » est préservée sans que son
influence soit révélée.

Il aurait été plus judicieux que Marie-Georges Buffet ne soit pas la
candidate, mais les pressions au sein des militants de base du parti
ont été telles que la secrétaire générale a été contrainte de se
jeter à l'eau et présenter sa candidature en entretenant la confusion
candidature communiste et candidature de rassemblement.

Quoi qu'il en soit :

L'identité du Parti Communiste est mise au placard, alors que dans
les deux cas il aurait été noble hisser le Parti Communiste au
premier plan comme moteur de la campagne sur la base du programme
Communiste.

Mais son premier responsable se met en congé, rabaissant les
militants du Parti au rôle de fantassins, colleurs d'affiches au
service d'une candidate qui n'a qu'un objectif : retrouver un
fauteuil de ministre.

Seule une Candidature Communiste justifiera l'existence du Parti
Communiste Français, il est encore temps d'en décider ainsi, Maxime
Gremetz peut être ce candidat , le Candidat des Communistes !